Le Pakistan a t-il permis aux Chinois d’étudier l’épave du Blackhawk ?

18 août 2011   ·   2 Commentaires

Pékin a réfuté le 17 août les rumeurs selon lesquelles des agents de renseignement chinois ont été autorisés par le Pakistan à photographier et à récupérer des débris de l’hélicoptère furtif Blackhawk qui s’est écrasé durant l’attaque contre Oussama ben Laden le 1er mai 2011.

Selon un communiqué de presse envoyé à China Daily par le ministère de la Défense chinois, ces rumeurs sont « sans fondement et ridicules ».

Le Financial Times a en effet rapporté le 14 août que les service secrets du Pakistan ont donné accès à la Chine à « l’hélicoptère furtif qui s’est écrasé lors du raid de commando qui a tué Ben Laden en mai dernier, malgré les demandes explicites de l’Agence centrale de renseignement américaine (CIA) de ne pas le faire. »

Que s’est-il vraiment passé ? Selon le Financial Times, l’un des deux hélicoptères Blackhawk aurait mal fonctionné durant le raid et se serait écrasé près du mur de la résidence, ce qui a obligé le commando à l’abandonner.

Les Navy SEALs auraient alors tenté de détruire l’épave* juste après l’attaque mais le rotor de queue de l’appareil est resté intacte. Il se serait alors écoulé 15 jours avant que les États-Unis ne récupèrent l’intégralité des débris. Or durant ce temps, le Pakistan aurait permis à des agents chinois de prendre des photos et de prélever des échantillons du « revêtement furtif » du rotor (qui a permis au commando américain d’échapper aux radars pakistanais).

« Nous avions demandé explicitement aux Pakistanais immédiatement après le raid de ne laisser personne accéder à la résidence et au site de l’hélicoptère endommagé », a déclaré une source du renseignement américain au Financial Times.

Un responsable de la sécurité pakistanaises a nié le rapport et a souligné que l’épave avait été remis aux responsables américains, peu après le raid.

« C’est juste de la spéculation. Tout est faux. L’épave a été remise. Il n’y a pas d’hélicoptère au Pakistan, » a martelé le responsable pakistanais à l’AFP.

Les responsables américains ont avertis qu’ils n’ont pas (encore) la preuve définitive que les Chinois ont visité la ville d’Abbottabad, où Ben Laden a été tué.

Le porte-parole militaire du Pakistan, le général Athar Abbas, a également rejeté le rapport américain dans un communiqué le 15 août au soir.

Le général Abbas a également accusé les médias étrangers de « lancer une campagne malveillante contre les organisations de sécurité du Pakistan » et leur a demandé de vérifier et de recouper les informations plutôt que de se fier à des « officiels anonymes ».

Toujours est-il que des photos du rotor de queue prises par des journalistes le lendemain de l’attaque circulaient librement sur Internet. Il est donc probable que des agents de renseignement étrangers ont pu faire de même et prélever des morceaux.

La Chine et le Pakistan entretiennent des relations étroites sur le plan militaire, notamment avec le développement du chasseur JF-17. Par ailleurs, des agents chinois ont déjà été suspectés d’avoir récupérer des débris du bombardier furtif F-117 en Serbie en 1999.

* Lors du crash d’un hélicoptère durant une opération, la procédure standard américaine prévoit de détruire toute technologie sophistiquée comme les communications cryptées et les ordinateurs de navigation.

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par Edouard Maire