Le Sénat français souhaite l’acquisition du drone Reaper
30 novembre 2011 · 0 Commentaire

Le 23 novembre, le Sénat français a adopté un amendement budgétaire visant à l’acquisition de drones américains Reaper construits par General Atomics.
Cet amendement préserve également des fonds pour le développement d’un drone de combat de nouvelle génération en commun avec la Grande-Bretagne.
L’amendement du Sénat (à majorité socialiste) vise à renverser une décision du gouvernement d’acquérir le drone israélien Heron TP construit par IAI, en partenariat avec Dassault Aviation.
« Le Sénat a voulu, dans l’intérêt général, séparer les besoins opérationnels des Forces armées des considérations de politique industrielle », déclare le texte dudit amendement.
« Dans cet esprit, les Sénateurs voulaient, à court terme, mettre la priorité sur la sécurité de nos troupes en leur donnant le meilleur équipement au meilleur prix, en l’occurrence le Reaper conçu par General Atomics, tout en permettant, à moyen terme, l’émergence d’un secteur industriel en mettant de côté une plus grande quantité de fonds pour les entreprises françaises et européennes que celle envisagée dans le plan industriel du gouvernement. »
L’amendement, adopté le 29 novembre par la Sénat, vise à réduire le montant de l’acquisition de drones dans le projet de loi 2012 du budget de la défense de 318 millions d’euros à 209 millions d’euros.
Les 209 millions d’euros correspondent au devis proposé en mai 2011 par General Atomics pour un lot de sept drones Reaper, deux stations au sol et la maintenance pendant 10 ans.
L’offre américaine du Reaper a fait longtemps débat chez les Sénateurs. Elle prévoit aussi une modification de la plateforme par EADS représentant un coût de 40% du montant de l’acquisition, soit 88 millions d’euros, portant la valeur totale de l’ensemble à 297 millions d’euros, selon l’amendement des Sénateurs.
En comparaison, l’offre faite par Dassault et IAI, également en mai, 2011 pour un lot de sept drones Heron TP modifiés est de 320 millions d’euros. De plus, les modifications faites par Dassault, principalement l’adaptation des communications par satellite et l’intégration de capteurs supplémentaires, porterait le montant total à 370 millions d’euros, selon l’amendement.
Les sénateurs ont ainsi débattu de la modification jusqu’à 4 heures du matin. Mais les sénateurs de droite comme de gauche ont voté en faveur de l’amendement, qui pousse le gouvernement à acheter le drone Reaper.
Politiquement , il était difficile pour la France d’acheter des drones américains après l’éviction d’Airbus par le Pentagone sur l’appel d’offres des tanker américains au profit de Boeing. Mais le manque de sens opérationnel et industriel dans la décision du gouvernement français d’acheter le drone israélien a poussé le Sénat a adopté l’amendement, selon un parlementaire.
Outre la réduction du financement d’achat, l’amendement a prévu de préserver 80 millions d’euros dans des études technologiques pour l’avenir du drone franco-britannique Telemos, et 29 millions d’euros pour la modernisation du Harfang déjà opéré en Afghanistan et en Libye.
« Cette décision de choisir le drone Heron TP, avec un appel d’offres, est difficile à comprendre : il est financièrement désavantageux, militairement contestable et industriellement hasardeuse », selon l’amendement.
L’amendement va maintenant être examiné par un comité mixte de sept sénateurs et sept députés de l’Assemblée nationale. Il est peu probable que ce comité mixte soit d’accord sur le même texte.
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par Edouard Maire

