Nouvel appel d'offres pour les ravitailleurs US

29 septembre 2009   ·   0 Commentaire

Un an après l’annulation de l’appel d’offres remporté par EADS et Northrop Grumman, l’interminable feuilleton américain a repris le 25 septembre avec la publication du nouvel appel pour la fourniture de 179 appareils, d’une valeur de plus de 35 milliards de dollars.

Après deux annulations en 2004 et 2008, cette troisième tentative devrait être décisive. La décision finale du Pentagone devrait théoriquement intervenir dans les cent vingt jours, soit à l’été 2010. Il y a en effet urgence : les quelque 500 KC-135 en service dans l’armée américaine ont en moyenne une cinquantaine d’années. De plus, l’administration américaine se veut irréprochable face aux soupçons de protectionnisme et de parti pris pour Boeing qui ont entaché l’annulation du précédent appel d’offres.

Ce nouvel appel d’offres qui formule 373 exigences ne semblent pas favoriser un camp plutôt qu’un autre. Le prix le plus bas ne sera pas le principal critère de choix, assure le document. Une chance pour le KC-30 d’Airbus, plus performant en matière de capacité d’emport et de consommation que son concurrent américain, dérivé de l’ancien Boeing 767. Toutefois l’écart de prix entre les deux offres ne doit dépasser 1 %, précise le Pentagone.

Les premières livraisons devraient intervenir en 2015, ce qui laisse également peu de temps à Boeing pour développer une autre version plus compétitive d’avion ravitailleur, basée sur le 777. Mais surtout, les responsables du Pentagone ont clairement affirmé qu’une éventuelle condamnation d’Airbus par l’Organisation mondiale du commerce n’aurait pas de conséquence sur la compétition, au moins officiellement. Des membres du Congrès partisans de Boeing réclamaient l’exclusion d’EADS de ce marché public en cas de condamnation.

En revanche, le Pentagone a également rejeté un recours de Northrop Grumman, qui reprochait à Boeing d’avoir eu connaissance des détails de sa précédente offre commune avec EADS, à la faveur du recours gagné devant la Cour des comptes américaine. Par ailleurs, le Pentagone indique qu’il prendra également en compte les coûts d’adaptation des installations au futur avion ravitailleur, ce qui favoriserait plutôt le KC-767 de Boeing.

La lutte s’annonce donc serrée entre les deux concurrents. D’autant que le Pentagone a rejeté l’idée d’un possible partage du marché entre Boeing et EADS-Northrop Grumman. Les militaires américains ne veulent en effet qu’un modèle d’appareil, afin d’éviter les surcoûts. C’est donc un pari à quitte ou double, tant pour EADS, qui compte sur ce contrat pour justifier la construction d’une première chaîne d’assemblage aux Etats-Unis, que pour Boeing, qui se retrouverait alors chassé de ce segment de marché.

Mise à jour du 30/09 :

Northrop Grumman , le partenaire américain d’ EADS , se plaint de n’avoir pas accès aux mêmes informations que son concurrent Boeing sur l’appel d’offres des avions ravitailleurs de l’armée américaine. Northrop et EADS estiment que Boeing a eu connaissance de l’offre tarifaire qui leur avait permis de remporter le précédent appel d’offres, annulé en 2008.

par Edouard Maire