Les négociations avec les Émirats arabes sur l’achat du Rafale seraient au point mort
3 octobre 2010 · 0 Commentaire
Depuis 2008, la France négocie avec les Émirats arabes unis pour la vente de 60 Rafale.
Le Rafale, tel qu’il est en service dans les forces françaises, ne convient pas aux Émirats arabes unis.
Ils veulent mieux, notamment en matière de puissance des moteurs et de capacités du radar.
De telles améliorations engendrent néanmoins un surcoût d’achat d’environ 500 millions d’euros de développement. La moitié pour augmenter la puissance des réacteurs M-88 jusqu’à 9 tonnes de poussée, l’autre pour améliorer les performances du radar à antenne active. Plus quelques détails techniques et avantages annexes.(environ 37,5% pour Dassault Aviation , 37,5% pour Thales et 25% pour Safran
Les frais devraient être partagés entre la France et les Émirats, sans doute à égalité. Selon les autorités françaises, ces améliorations souhaitées par le client pourraient, à terme, bénéficier aux forces françaises. La part française serait prise en charge par la DGA.
Les quelques centaines de millions d’euros nécessaires seraient alors prises sur les crédits aujourd’hui destinés à acheter des Rafale pour l’Armée de l’air et la Marine. Le projet de budget 2011 prévoit en effet l’acquisition de 11 Rafale par an au cours des trois prochaines années, soit 33 appareils pour un montant de 2,4 milliards.
Si le contrat avec les Emirats est conclu, le coût des options exigées par le client pourrait donc entrainer un report de livraison de 3 ou 4 de ces 33 Rafales. Report jusqu’à quand ? Mystère, car, après 2013, les livraisons françaises seront encore ralenties puisque la chaîne de montage de Mérignac devra livrer les avions émiratis - ce qui permettra au budget de l’État de souffler.
L’article du Figaro qui dérange
Mais voilà que le 26 juin les négociations sont brusquement interrompues. Le quotidien le Figaro (propriété de Serge Dassault) vient de publier un article sur le recours des Émirats Arabes Unis à la technologie et à des sociétés israéliennes pour sécuriser leurs frontières face à la menace iranienne (lire notre article). Cette information a fait peu de bruit en France, mais a suscité un tollé dans le monde arabe.
La presse du Proche-Orient a repris cette information en accusant les émirats de s’allier avec Israël. Ce qui aurait provoqué la réaction suivante du prince héritier d’Abou Dhabi: « M. Dassault est propriétaire du Figaro, il m’a poignardé dans le dos, les discussions (sur le Rafale) sont terminées » (propos rapportés par un haut responsable français à l’agence Reuters).
Les négociations autour du Rafale étaient pourtant très avancées. Le 15 juin dernier, le ministre de la Défense Hervé Morin assurait que la vente était en voie de finalisation. Rappelons que des modifications sur l’avion « de série » avaient été exigées par Abu Dabhi, et que la France s’est engagée à en payer une partie. Alors que rien n’est encore signé au Brésil, ce revirement de situation vient hypothéquer l’avenir du Rafale à l’international.
Les Etats-Unis en embuscade
Les autorités françaises espèrent que les Émirats reviendront sur leur décision, mais une autre information doit les inquiéter. Les Émirats sont récemment entrés en contact avec Boeing, pour obtenir des renseignements techniques sur le F/A-18. L’avion de chasse américain, d’une conception plus ancienne, pourrait devenir un concurrent direct du Rafale s’il était modernisé.
Pour contrebalancer l’influence de l’Iran, les États-Unis ont lancé une importante offensive commerciale au Moyen-Orient. Un contrat de 50 milliards d’euros va être signé avec l’Arabie Saoudite (avions de combats, hélicoptères, bombes et missiles). Avec les autres contrats signés avec le Koweït et les EAU, l’Oncle Sam devrait vendre pour 91 milliards d’euros d’armes à ses alliés de la région.
Sources : Secret Défense, Usine Nouvelle
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par info-aviation
