L’Irak renonce au F-16 face à la crise alimentaire

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Le 14 février, Le gouvernement irakien a décidé d’annuler l’achat en 2011 de F-16 américains à Lockheed Martin et d’allouer les 900 millions de dollars pour l’aide alimentaire aux plus démunis au moment où les manifestations se multiplient dans plusieurs villes pour réclamer de meilleures conditions de vie.

Nourrir le peuple ou armer le pays ? L’Irak a choisi. L’inflation significative des prix alimentaires mondiaux a déjà entraîné des troubles importants dans de nombreux pays du Moyen Orient. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a estimé que 6 millions d’Irakiens, sur une population d’environ 31 à 32 millions, possédait une carte de rationnement, et s’est engagé à augmenter les dépenses sur ce programme alimentaire de 3 milliards de dollars à 4 milliards de dollars.

Des T-6As destinés à l'Irak

Le porte-parole du gouvernement irakien, Ali Dabbagh, a déclaré que le financement prévu pour l’achat des F-16 a été détourné vers l’amélioration des subventions alimentaires. Un membre du comité des finances, Mohammed Khalil, l’a confirmé, ajoutant que l’Irak présentait un déficit budgétaire de 13,3 milliards de dollars (68,56 milliards de dollars de recettes - 81,86 milliards de dollars de dépenses ), ce qui a également joué dans la décision*.

Ce déficit de taille donne à penser que les F-16 seront peut-être remplacés par des Mirage F1 achetés à la France ce qui crée un grand nombre de questions à long terme concernant les défenses de l’Irak et la présence militaire étrangère sur son territoire. Une autre option pourrait être de stationner des forces des pays membre du Conseil de coopération du Golfe sur les bases irakiennes, ce qui représenterait un situation paradoxale par rapport au règne de Saddam Hussein. Enfin, une autre solution serait de solliciter la police de l’air de l’OTAN, ce qui reviendrait à maintenir une présence importante des États-Unis en Irak.

L’Irak reconstruit lentement sa force de combat à partir de zéro. Des avions légers Cessna servent d’appareils d’entraînement, et quelques Cessna 208B Caravan ont été modifiés pour effectuer la surveillance, voire lutter contre les insurrections. Les T-6A Texan II serviront pour le prochain niveau de formation au combat. Après cela, les pilotes de l’Irak devront se former aux États-Unis pour s’entraîner sur des aéronefs supersoniques T-38 Talons, et peut-être bientôt des T-50 coréens. Cela changera lorsque l’Irak disposera de ses propres formateurs, mais les appareils, eux, ont été retardés par des problèmes de budget. Selon le modèle choisit par l’Irak, ces formateurs sur jet pourront aussi servir en tant que pilotes de chasse, en attendant que le pays possède suffisamment de combattants de première ligne. Le chemin est donc encore long…

* Le peuple irakien est devenu l’une des nations les plus pauvres dans le monde. Selon les données du HCR en avril 2008, 4.700.000 Irakiens ont été déplacés à cause de la guerre, ce qui fait 16% de la population en Irak. 2.000.000 de personnes ont fui vers les pays voisins. Les autres ont dû se réfugier dans les régions plus sûres de l’Irak. Après l’invasion, les civils qui ont fuit leurs foyers se sont déplacés principalement au nord de l’Irak qui est une zone relativement sûre par rapport au reste du pays.

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